La raison amoureuse de la comparaison

De la vitalité d'une non-discipline

Résumé

Premier récit autobiographique en langue vulgaire de la littérature occidentale, la Vita nuova, composée par Dante entre 1293 et 1295, se présente comme un ensemble de trente et un poèmes reliés par un récit en prose et rythmés par de brèves sections résumant le plan et les motifs de chaque texte. Divers genres s’y côtoient : roman, « chansonnier » (canzoniere), traité sur l’amour et sur la poésie lyrique dressent ainsi le bilan d’une double expérience de l’amour – s’y construit le mythe de Béatrice – et d’écriture – s’y affirme un sujet à la fois poète, narrateur et protagoniste. Héritier de la pensée de Boèce et de Cicéron et parent des troubadours, chantres de l’Amour courtois, Dante Alighieri invente ici, entre philosophie et poésie, examen de toutes les implications de l’acte d’écrire et expérimentations de ces implications ou, si l’on préfère, entre Critique et Création, le concept d’ « entendement d’amour » (Intelletto d’amore) que j’assimilerais volontiers à une sorte de passion amoureuse de la pensée.